Ce portrait me tient tellement à coeur que j'ai souvent des larmes dans les yeux pendant la rédaction du billet. Alexandre Yersin est un véritable modèle pour moi et si j'avais pu être un de ses contemporains, j'aurais certainement tout fait pour pouvoir le rencontrer (et lui aurait sans doute tout fait pour éviter ce pénible moment).
Même si je désapprouve toute forme d'idolâtrie excessive, j'espère réellement avoir au cours de ma vie l'occasion de pouvoir aller au Viêt Nam pour fleurir sa tombe et brûler quelques bâtonnets d'encens sous le pagodon attenant.
Alexandre Yersin fut un homme hors du commun. Exceptionnel par son dévouement total à la recherche sous toutes ses formes, sa modestie et son refus des honneurs. C'est à cause de ce dernier trait de caractère qu'il est très méconnu, y compris dans son pays d'origine, la Suisse. Tout au plus ceux qui connaissent son nom savent préciser qu'il est le découvreur du bacille de la peste (Yersinia pestis). Mais en réalité, Yersin fut bien plus qu'un microbiologiste. Au cours de sa vie il réussit à maîtriser avec passion de nombreux domaines tels que la géographie, l'agronomie, l'astronomie, la construction de routes et de bâtiments, l'élevage ou encore la mécanique automobile.
Son enfance est heureuse et austère à la fois. A cause de la mort de son père quelques jours avant sa naissance (le 22 septembre 1863), sa mère élève seule ses trois enfants à Morges (Canton de Vaud, Suisse) tout en s'occupant d'une institution pour les jeunes filles. Déjà très jeune, Alexandre collectionne les insectes et développe un goût certain pour les sciences.
En 1883, il entreprend des études de médecine à Lausanne avant de les poursuivre l'année suivante en Allemagne. A Marburg, il est déçu par le peu de temps passé à mettre en pratique les connaissances dispensées pendant les cours, de plus il critique sévèrement les étudiants qui préfèrent fumer, boire et se battre en duel. C'est pour cela qu'il choisira de continuer à étudier à Paris, l'enseignement Français étant reconnu, à l'époque, pour privilégier l'expérience de terrain.
Une fois installé à Paris dans une petite chambre sous les toits, il profite de son temps libre pour visiter méthodiquement les lieux touristiques mais aussi, ayant toujours soif de connaissances, les hôpitaux dans lesquels il arrive à entrer (les visiteurs étant souvent refoulés de peur qu'il n'introduisent de l'alcool dans l'établissement, le seul lieu facilement accessible reste la morgue).
Particulièrement ému par le sort réservé aux enfants malades, Yersin n'aura de cesse de s'occuper d'eux et de réconforter ses « petits protégés ». Grâce a son travail acharné, il se voit confier des responsabilités de plus en plus importantes auprès des médecins qui dirigent les différents services dans lesquels il doit effectuer ses stages pratiques. En avril 1886 il rencontre le déjà mondialement célèbre Louis Pasteur et quelques semaines plus tard celui qui deviendra son ami le plus fidèle : le Docteur Émile Roux.